Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.
Voici une anecdote de Ibrahim Edhem ou plus exactement Ibrahim ben Edhem ben Suleyman be Mansour el-Balkhi. Lui-même était surnommé Abou Izhaq. Il mourut l’an 161 ou 162 (777,778 ou 778-779).
On raconte que quelqu’un étant venu trouver Ibrahim lui dit: « Ô Ibrahim! je me suis fait à moi-même beaucoup de mal; donne-moi un conseil. — Écoute donc mon conseil et fais six choses:
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Lorsque tu auras commis un péché, prive-toi de manger la nourriture que te donne le Seigneur très haut. — Mais je ne pourrais jamais faire cela interrompit l’autre. — Quoi donc! reprit Ibrahim, est-il juste que tu profites toujours des ressources que te fournit le Seigneur très haut, tandis que tu ne le sers pas et que tu ne cesses de L’offenser?
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Si tu es sur le point de commettre un péché, sors à l’instant même du royaume du Seigneur très haut. — Mais, dit cet homme, son royaume s’étend de l’orient à l’occident; comment en sortir? — Eh bien, restes-y donc, mais renonce au péché et ne sois plus rebelle.
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Quand tu vas pécher, mets-toi dans un lieu ou le Seigneur très haut ne te voie pas. — Mais on ne peut Lui cacher un seul de ses actes. — Eh bien alors, dit Ibrahim, est-il acceptable que tu vives de la nourriture qu’Il te dispense, que tu habites dans Son royaume et que tu commettes sous Ses yeux de mauvaises actions?
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Lorsque l’Ange de la mort se présentera pour réclamer ton âme, dis-lui: Donne-moi du répit; je vais faire pénitence. — Mais comment l’Ange de la mort écoutera-t-il semblable proposition? — S’il en est ainsi, reprit Ibrahim, fais donc pénitence maintenant, afin de n’avoir pas lieu de te repentir quand l’Ange de la mort arrivera.
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Une fois dans ta dernière demeure, éloigne de ta personne Munkir et Nekir . –Mais je ne le pourras. — D’accord; il faut donc pratiquer les bonnes oeuvres pour être en état de répondre à ces deux interrogateurs.
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Au jour de la Résurrection, lorsqu’un ordre souverain commandera de conduire en enfer les pécheurs, déclare que tu n’iras pas. — Il suffit, Ibrahim, tu m’en as dit assez. »
Et il fit pénitence.